1983 | Maserati Kyalami

MASERATI KYALAMI 4.9 – 1983
Conduite à gauche – 1 des seulement 49 exemplaires produits

Cette rare Maserati Kyalami 4.9 est l’un des seuls 49 exemplaires construits en version conduite à gauche avec le puissant moteur V8 de 4,9 litres.

Elle fut immatriculée pour la première fois à Bologne en 1983 par le concessionnaire officiel Maserati Autosport, puis transférée le 25 juin 1984 à son premier propriétaire privé à Trévise. Elle resta dans sa collection de voitures anciennes prestigieuse pendant 34 ans, soigneusement conservée dans un état remarquable, avant de passer à son deuxième propriétaire en 2018.

En 2003, elle a obtenu la précieuse homologation ASI avec plaque or, une distinction réservée aux véhicules historiques d’intérêt particulier, accompagnée de son certificat officiel.

La voiture est vendue avec son carnet de garantie et d’entretien d’origine, documentant les révisions et interventions effectuées au fil des années.

Le propriétaire actuel est une figure bien connue dans le monde de Maserati : un ancien dirigeant de haut niveau de l’entreprise, impliqué activement dans le développement du modèle Kyalami à l’époque de sa conception.

Dans les documents accompagnant la voiture, nous avons une mémoire manuscrite que nous reproduisons ici intégralement :

« En 1975, la G.E.P.I. (Gestione Partecipazioni Industriali), avec De Tomaso, a repris Maserati de Citroën, qui l’avait mise en liquidation.
En tant que manager chez Ernst & Ernst à Milan, j’ai été chargé de réviser le dernier bilan et de vérifier l’exactitude des données.
Par la suite, Maserati — avec l’aval de De Tomaso (j’étais déjà responsable de la révision chez Moto Guzzi) — m’a proposé le poste d’assistant du président pour la restructuration de l’entreprise, chef du personnel, directeur administratif et financier avec pouvoir unique pour les achats et les ventes ; en fait, directeur général. J’ai accepté, et à 34 ans je suis allé chez Maserati.
L’objectif était de montrer au marché que nous étions encore vivants ; parmi les premiers projets est né celui de la KYALAMI (dont le nom est inspiré du circuit sud‑africain où la Cooper motorisée par Maserati avait gagné).
À l’époque, c’était la coutume chez Maserati d’appeler les Coupés deux portes du nom de circuits où ils avaient remporté des victoires (Indy, Mexico, Sebring).
Nous avons réalisé une opération aujourd’hui courante, mais jamais pratiquée à l’époque. Nous avons utilisé le châssis de la De Tomaso Longchamp, nous l’avons re‑carrossé et re‑motorisé.
La carrosserie a été dessinée par Frua (c’est aussi lui qui a dessiné la Mistral) ; pour l’avant, il utilisa son projet pour la Maserati Quattroporte, construite pour le salon de Turin de 1972, qui montait un V8 de 4,9 litres.
L’Aga Khan l’a vue et en a commandé un exemplaire identique, qui lui a été livré en 1974.
Les flancs, le toit abaissé et la poupe rappellent le dessin de la Fiat 130 Coupé.
L’habitacle fut entièrement redessiné et revêtu de cuir Connolly de grande qualité.
Le moteur, initialement un V8 de 4,2 litres, fut ensuite remplacé par le V8 de 4,9 litres, beaucoup plus performant et victorieux.
La première voiture fut présentée au Salon de Genève de 1976, tandis que la version définitive, en même temps que le début de la production, au Salon de Turin de 1976, où je réussis à faire adopter les jantes en alliage léger Campagnolo comme celles montées sur la Maserati Bora :
Un jour de septembre 1976, Monsieur Manfredini, responsable de la production des voitures, entra en courant dans mon bureau, m’annonçant que la Kyalami destinée au salon de Turin était arrivée, et que De Tomaso avait fait poser les jantes de Longchamp en alliage léger, comme il l’avait exigé pour le salon de Genève.
Je lui dis de démonter les quatre jantes d’une Bora qui étaient en stock et de les apporter — sans être vu par De Tomaso — près de la voiture.
J’allais le distraire pendant que Manfredini devait remplacer les quatre roues.
Je me rendis au service des finitions véhicules où se trouvait la Kyalami en livrée bleu métallisé ; après avoir salué Monsieur De Tomaso, je le félicitai pour la beauté de la voiture en préparation pour le salon de Turin. Ensuite, je l’invitai à visiter le service châssis, où étaient également en production les châssis de Moto Guzzi. Il fallait le distraire afin de donner à Manfredini le temps de terminer le remplacement des roues.
De Tomaso observa la fabrication des châssis et, après avoir critiqué un excès de soudure, prit une lime et montra au soudeur comment il voulait que le travail soit fait.
Après une vingtaine de minutes, nous retournâmes à la Kyalami sur laquelle au cours de ce temps le remplacement des roues avait été exécuté.
De Tomaso regarda la voiture, surpris, mais avant qu’il puisse parler je pris les devants en disant « Avez‑vous vu comme elle est belle avec les jantes de la Bora ? De plus, nous ne dépensons rien car nous en avons une centaine en stock. »
Sachant combien il était prudent dans les dépenses, je n’eus pas de difficulté à le convaincre et obtenir son approbation, avec un grand soupir de soulagement, de moi, de Manfredini et des techniciens. En réalité c’était un bluff, car nous n’avions que cinq jantes, mais j’avais gagné pour l’image de l’usine.
Le Maestro Pavarotti fut sponsor de la Kyalami (voir photo jointe), il l’apprécia beaucoup pour ses caractéristiques de confort, alliées au luxe et aux hautes performances.
Maserati était appréciée par de grandes personnalités comme Rascel, Alberto Sordi, Kim Novak, Moira Orfei, Gary Cooper, Peter Ustinov, Raoul Gardini, etc.
Le programme de production prévoyait la construction de 200 exemplaires et ce fut le cas.
126 furent construites avec le moteur de 4,2 litres et 74 avec le V8 4,9 litres plus performant.
La production prit fin en 1983 ; des 74 produites, 25 étaient à conduite à droite et 49 à conduite à gauche.
Cette voiture est équipée de la climatisation, vitres électriques, direction assistée et d’un coupe‑batterie.
Construite en 1983, elle fut achetée par le concessionnaire AUTOSPORT de Bologne puis vendue à une grande Société Anonyme dont le propriétaire était passionné de Maserati et qui en 2003 obtint l’homologation ASI avec PLAQUE OR.
En 2017 elle fut cédée au concessionnaire Maserati Ferasin pour l’acquisition d’une nouvelle Maserati.
En 2018 moi-même, qui fus l’initiateur de ce modèle, en devins le deuxième propriétaire.
Cette voiture fit l’objet d’un vaste reportage dans la revue spécialisée AUTOCAPITAL en février 2020.
Elle participa au concours d’élégance de Trieste, remporta de nombreux trophées, obtint des reconnaissances, et prit part à beaucoup de rassemblements Maserati. »

Histoire du modèle Kyalami

Présentée en 1976, la Maserati Kyalami représente un tournant important dans l’histoire de la marque. Dessinée par Pietro Frua sur la base de la De Tomaso Longchamp, elle fut le premier modèle lancé sous la direction d’Alejandro De Tomaso, nouveau propriétaire de Maserati.

La version 4,9 litres est équipée d’un puissant moteur V8 Maserati développant plus de 280 ch, couplé à une boîte automatique ou manuelle. Son nom, “Kyalami”, rend hommage au célèbre circuit sud-africain, soulignant l’esprit sportif et international de la marque au Trident.

Produite à seulement 200 exemplaires environ entre 1976 et 1983, la version 4.9 figure aujourd’hui parmi les plus rares et recherchées.